lunes, febrero 23, 2009

Manuel Montero: Les commentateurs de Felix

Este relato de Manuel Montero, publicado en el blog de Leo Scheer ha sido cedido, gentilmente, a nuestro blog para disfrute de los seguidores de Félix de Azúa.

Des notes sur le public et le privé


Ma démarche est commerciale, il s'agit de faire la promotion de ma peinture, le besoin de reconnaissance passant après le besoin d'argent. J'avais nonobstant, sous cette couche de professionnalisme, beaucoup de romantisme encore. C'était l'année 2007 où j'étais convaincu qu'à Paris rien ne bougeait, que j'étais la seule semence de réussite dans cette ville endormie.

L'écrivain et philosophe Ignacio Gomez de Liano, qui venait à Paris me commenter sa lecture des brouillons de six romans en espagnol, qui ont été publiés fin 2007, et mis sur le marché en 2008, s'était promené avec moi aux jardins et palais de Versailles. Il avait reconnu, sans regarder l'écriteau, un épisode de la Hiérussalemme Liberata de Tasso dans un tableau de la demeure privé de Marie-Antoinette, aux jardins. Il était familier des rares Artemisia Gentilleschi qu'on trouve chez le Roi Soleil, et amusé du Parnasse du roi et ses maîtresses. Pour comble, il était révérencieux et connaisseur des arbres.

Il est rentré avec moi, et ma compagne avait préparé un buffet avec du foie-gras et du Jurançon. Salade aussi, bien-sûr, et à prendre à table. Parmi les discussions gastronomiques, que quelques ajouts de Berthe au buffet justifiaient, l'on a évoqué la figure de Dali et son épouse Gala.

Berthe avait même cuisiné un dessert suivant une recette.

A la porte, seul avec moi, Ignacio a regretté le sort, soit l'exil non reconnu de Félix de Azua, qui, comme lui, avait été avant-gardiste, sifflé dans les auditoriums par des élèves nationalistes catalans. Un collègue artiste de Barcelone se moquait des larmes qu'il avait versé à l'occasion, il les trouvait pathétiques venant de quelqu'un qui n'allait pas dans le sens du poil nationaliste, comme la clientèle artistique de tous âges dont il faisait, lui, partie.

J'avais décidé, depuis notre projet d'édition, donc, d'être présent dans les forums de littérature espagnole. Je devais faire du teasing, des apparitions avec mon vrai nom qui produisent de l'intérêt, qui séduisent. Je tape donc Félix de Azua et il a un blog, en fait une vraie communauté de commentateurs déjà constituée depuis un an.

Malgré le fait de ne pas avoir de masque, de nickname, j'avais pour l'occasion un artifice qui me permettait de ne pas dévoiler une édition qui s'avérait encore fragile et tâtonnante. L'idée consistait surtout à ne pas me présenter comme écrivain, et nonobstant créer du public en faisant valoir ma qualité de peintre. Dans un milieu d'écrivains cela me protégeait des envies et des susceptibilités, permettant à tout-un chacun de faire des exercices de style dans l'éloge de mes tableaux. J'avais déjà un site. J'étais hébergé sur le web de ventes d'art artprice.com

Le propriétaire du site Artprice habite et travaille dans un étrange monument extravagant et déjanté non loin de Lyon. Il se déclare franc-maçon, contre toute prévention, et constitue à lui seul un sujet de roman.

Mes annonces d'oeuvres, crayons couleur au début, puis de l'huile et de l'encre de Chine, sont passées dans les premières pages du site durant toute la première année. J'étais amusé de côtoyer des mises aux enchères de Picasso, Dali ou Warhol tous les jours.

Ma condition d'artiste non-contemporain ou anachronique n'était pas gênante dans le milieu littéraire, ils étaient enchantés d'avoir un peintre au poulailler.

A ce propos, je voudrais vous mettre en parallèle un récit familier et les réactions de deux psychanalystes différents. Ma mère, étant orpheline de père, avait été élevée par un oncle militaire du régime de Franco, puis par une tante très particulière. Pour illustrer le poids du catholicisme dans ma famille, souvent j'évoque en analyse cette tante de ma mère. Il y un détail symptomatique que, jusqu'à aujourd'hui à six heures trente, je ne voyais qu'envisageable sous l'angle de la clinique.

Ma grande-tante, donc, avait un crucifix, comme toute bourgeoise espagnole de son époque, en ivoire. Vous savez quels sont les traits communs de tout crucifix de luxe, et sinon je vous les rappelle : sur une croix en ébène ou noyer quelque peu aplatie, il est placé un Jésus Christ mourant qui doit être à moitié nu, couvert seulement du linge de pureté qui cache son sexe. Il porte la couronne d'épines, qui ne lui sont épargnées dans le dernier supplice, mais cela est secondaire pour nous. Il peut être en argent, rarement en or, et dans les crucifix les plus fins il est en ivoire taillé et poli.

Même ma mère me présente sa tutrice comme une personne horrifiée par la nudité et la sensualité. Alors, elle décida d'habiller le Christ. Elle avait trop de tentations de lubricité à la vue de ce corps masculin exhibé quotidiennement à son regard. Elle tricota l'on ne sait bien si un pantalon ou une jupe pour ses jambes, et un pull pour le haut du corps, et cacha comme ça le corps du Christ. Je pense qu'elle aurait demandé la permission de son confesseur, puisqu'elle était toujours au confessionnal. Bon, quand j'ai raconté cela à mon psychanalyste soixante-huitard, il s'est porté les mains à la tête et il a confirmé que ma famille était dingue. Voyons ce qui se passe aujourd'hui, avec mon actuelle psychanalyste, à six heures et demie, qui est moins âgée que moi. Je lui raconte le tricotage pour le crucifix et elle s'exclame, ravie, "mais ça c'est très original !" Du coup, la jeune personne, élevée dans l'art conceptuel, a pensé que ma grande-tante, fanatique et fervente partisane de Franco et de ses fusillades, était une sorte d'artiste postmoderne, une sensibilité féminine ! Ma tante, avec sa névrose religieuse, aurait déconstruit un objet quotidien.

C'est ce décalage que les commentateurs soixante-huitards espagnols de Félix ne pouvaient pas endurer ; et trouver en moi une jeune personne qui encore décodait l'idéologie fasciste qu'ils avaient combattu, les a mis dans ma poche. Mais cela a pris du temps.

D'abord il fallait lire les longues tirées de commentaires, et non seulement l'article proposé chaque semaine. Je n'avais pas l'habitude. Je n'avais pour déchiffrer qu'un seul point de repère, une conversation aux Tuileries avec une artiste des milieux bourgeois espagnols à Paris, qui connaissait bien le blog et prenait parfois partie aux conversations. Elle a passé sous silence son pseudonyme, mais elle m'a encouragé à participer, je pense que parce qu'elle trouvait que cela allait l'amuser de me voir là-dedans.

Ensuite, il fallait trouver quelque chose à dire. J'aurais pu me tenir au contenu des articles de Félix, mais je n'y ai pas pensé un seul instant. Je voulais participer à la conversation.

C'est pour cela que mes premiers commentaires étaient tirés par les cheveux et plutôt hermétiques. J'ai cité un mystique espagnol du XVI siècle qui compare le Christ au fromage, par exemple, convaincu que j'allais droit au coeur de la conversation. J'ai passé un temps indéfini à balancer des citations de ce genre, et il faut dire que même dans mon activité actuelle sur la Toile, je conserve ce trait-là. Les commentateurs citaient, oui, aussi, mais autrement. Il était question de pertinence dans la citation, et un commentateur masculin me l'a assez vite fait remarquer.

Progressivement j'ai réalisé que parler de moi même par petites doses était la meilleure façon de m'ouvrir une place dans cette communauté. Et même à grandes doses. J'ai très vite fait savoir que j'écrivais depuis Paris, par exemple, et compte tenue que Félix suivait de très près dans ses articles les élections françaises, cela me situait dans une sorte de noyau électrique de la conversation. Du moins, je le sentais comme ça.

Il y avait sur le blog un troll bon-enfant et tendrement pathétique, Antonio Larrosa, chouchouté par tous, qui faisait la promotion de son site de "pire écrivain du monde". Mais j'ai très vite été séduit et médusé par un personnage féminin au nom de déesse, et pas n'importe laquelle, qui était une sorte de modératrice spontanée et maître d'élégance respectée par tous : Isis.

C'était à elle que je m'adressais au début, et elle avait toujours quelque réponse à me donner au nom de la prudence et du bon ton. Les pseudonymes, par moments, me semblaient avoir été décidés non individuellement, mais en suivant en commun une espèce de table de personnages dramatiques. Ainsi, Isis était centrale, et son rôle semblait de voiler et dévoiler tour à tour les mystères de l'espace "commentaires". Les autres actrices venaient la rejoindre telles des fées auxiliaires aux noms également allégoriques : Melusina, par exemple, ou d'autres qui viendront à ma tête si la nostalgie remplit sa tache pédagogique ce soir.

J'avais un but commercial qui me structurait, mais, hélas, cela n'a pas empêché, comme il arrive si souvent, de me laisser entraîner par le scintillement des affects. C'est comme ça qu'un week-end, où me trouvant seul pour quelques jours, j'ai pu m'abandonner tout entier à l'excitation, j'ai connu Enea.

Les conversations avaient d'habitude un fil masculin, des longues argumentations sur des questions éthiques d'actualité, et un fil féminin fait de jeux d'esprit. Ennuyé des longs paragraphes, ça va de soi que, moi, le fil que je suivais c'était le fil féminin. Et Enea était un cas à part, elle me semblait ne rien à voir avec les autres, elle écrivait des sortes de poèmes ou plutôt des énigmes. Elle ne choquait personne, les femmes semblaient suivre sans peine ses pensées de prophétesse. Au contraire de la plupart des assidus, qui avaient des comptes typekey, elle n'en avait pas, mais il n'y avait pas de confusion possible, ni de marginalité au sein de cette communauté. Elle semblait très cultivée, malgré la difficulté de son écriture.

Une autre raison pour laquelle je n'agissait pas beaucoup sur le fil masculin était le fait que je pressentais que les commentateurs n'étaient pas de simples amateurs. Il semblerait que l'espace commentaires depuis son apparition avait été un laboratoire de réflexion du secteur critique du parti socialiste, avec d'éventuels ponts tendus à droite et à gauche. Donc, moi, encore souillé de l'image de peintre aux sympathies punk qui était le piège que je m'étais sciemment tendu, j'avais intérêt à pas être trop bruyant auprès des hommes d'Etat masqués, parce que va savoir ce que cela pourrait donner. Mais je l'ai fait à plusieurs reprises, par fatigue ou exaspération. En tout cas, il existait un personnage que j'ai longuement suspecté d'être mon ami Ignacio. Il s'appelait Grifo. Isis insistait souvent sur son caractère d'être chimérique. Il s'occupait des remarques érudites, des chutes capricieuses.

Mais je voulais raconter la séance de trois jours la plus exaspérante et fantasque, à la fois, que j'ai eu en grande partie grâce à la coquetterie d'Enea. Pour moi, chaque seconde d'attente devant l'écran était empreinte de magie et magnétisme, mais cela peut se raconter aujourd'hui assez banalement.

Il faut dire que je restais jour et nuit devant l'ordinateur, sans manger et en prenant des tasses de café ou de thé au lait, très sucrées.

La campagne électorale française était dans son premier paroxysme, Sarkozy était très agressif, à gagner l'électorat du Front National. Félix se permettait de parier pour Bayrou, qui avait quelques traits communs avec la nouvelle image qu'il voulait donner lui-même, mais plutôt pris par les cheveux. Pas grave, puisque pour les Espagnols, tout cela était passionnant qu'on le regardât du revers ou de l'endroit. Moi j'étais tétanisé, comme par ailleurs Ségolène l'a été, selon les commentateurs, à un moment donné. Je ne renonçais pas à dessiner mes grands formats au crayon couleur en même temps, puisque dans les absences de Berthe j'avais l'habitude de produire de nouvelles oeuvres dont la difficulté ne cadrait pas avec la vie en commun, plus apte aux encres de Chine. Je pressentais que des forces telluriques et atmosphériques agissaient dans mon travail, qui pouvaient m'échapper.

C'est comme ça que je me suis accroché aux énigmes mythologiques d'Enea comme à une dictée inspiratrice et que j'ai commencé à échanger avec elle des bouts de poème. Et alors, à un moment donné, nous nous sommes trouvés, selon son expression, à danser ensemble. Il va sans dire que j'étais plus que jamais sous le charme d'un bal de masques, et de surplus initiatique, j'expliquerai pourquoi.

L'échange poétique à frôlé l'érotisme, et je pense que j'ai failli devenir fou sur le champ. Heureusement, au blog, il y avait une âme pieuse et qui mettait toujours une touche d'ingénuité, malgré qu'elle avait déjà son propre blog qui était une sorte de salon fréquenté par pas mal de gens. Elle habitait les Etats-Unis, mais était née dans la même ville de l'Andalousie que moi. Son intervention a ralenti la sarabande affolante dans laquelle j'étais depuis des heures, voire des jours, et m'a rendu au bon sens de l'auto-promotion. Je me suis trouvé à reformuler ma condition de peintre, même si avec Enea l'échange n'avait pas arrêté de porter sur des questions touchant à la peinture.

Le raconter d'après-coup serait une nostalgie impardonnable. Il y avait une poésie dans ce tournoi entre l'homme et la femme, qui était faite de citations, de phrases courtes et à clé, de longues attentes dans la solitude, minutes qui ne finissaient pas.

Je lui reprochais de n'être qu'un esprit, au moment de la fusion, par des maximes et exclamations.

Elle m'avait dit "viens danser" et pendant toute la journée les commentateurs s'étaient tus.

Aucune adultération de la pureté, pour mes étranges noces, j'ai eu un vrai silence. Cela ne peut qu'arriver la première fois.

Sous le seule masque de la drogue et du suicide, ou d'une bibliothèque ensorcelée, Enea se présentait à ma chair de spectre toute nue, crue comme une feuille d'arbre.

Le sommet avait été atteint. J'aurais dû migrer tout de suite. J'avais d'ailleurs fait des essais de participation avec un anglais démodé et maladroit au forum du site d'art de Saatchi, en même temps que mon affaire avec Enea.

Jamais je n'ai écrit comme ces trois jours. J'ai besoin de quantité pour percevoir la qualité, et là-bas c'étaient des minutes, des secondes en or. Je ne pense pas que pour les autres non plus ça eut été de la routine. Catulle aussi, a été mémorable par ses SMS sur petits bouts de parchemin, mais la publicité n'était pas immédiate, le danger à l'époque d'une réplique instantanée était mis à une autre vitesse. Le pire écrivain du monde, Larrosa, qui aurait pu gâcher la danse mesmérienne et secrète, tenait sa pub retenue depuis un bon moment, et ne la fit depuis de même. Il était complètement initié. Par la suite j'ai pu savoir que même si, pour nous, il restait bon-enfant, pour l'hébergeur il était un troll.

Un deuxième troll est apparu, féminin cette fois-ci, et très virulent. L'on pouvait se poser toutes les questions sur ses filiations. Elle se présentait comme étant argentine et signait Lucia Angélica Folino. Elle a été la première dévastation avant la désarticulation complète de la communauté des commentateurs de Félix. Parmi ses scoops, mise à part une espèce de dénonciation constante de toute sorte de mafias, il y avait quelque chose que j'avais entendu d'un professeur d'université que j'avais eu au téléphone et qui m'avait fait fantasmer depuis très tôt. Les membres de cette communauté seraient tous des franc-maçons et le blog serait une antichambre de leur loge.

Le fil masculin a duré un peu plus que le féminin, mais par la suite des nouveaux trolls, que j'ai tout de suite qualifié de cabaleurs, comme au théâtre, sont apparus. La clé de leur signification terminale pour le blog, qui n'est aujourd'hui qu'un spectre de ce qu'il a été, m'a été donnée à nouveau par Ignacio. Il semblerait que le site, qui appartenait à un certain groupe de presse de gauche, a été évincé par la direction du journal, suite à des conflits de pouvoir, et laissé à la dérive. Je soupçonne fortement des sabordeurs mercenaires, des journalistes, donc, de s'être pendant de longs mois fait passer pour des anarchistes allumés, qui ont commencé à menacer de mort tout homme sur le site. Dans quelle mesure le site lui-même n'aurait-il été aussi complice du sabordage, de l'auto-sabordage, donc ? Je pense qu'il ne manque pas non plus d'indices pour cette hypothèse ajoutée. Ils ont supprimé le dispositif typekey et la possibilité d'inclure des liens, attitude quelque peu totalitaire pour les liens et peu rassurante pour les garanties de non-supplantation. Ils auraient voulu fermer les volets et faire disparaître l'euphorie de démocratie directe qu'ils avaient suscité, craintifs que cela n'eut des mauvaises conséquences sur leurs carrières.

Pour moi ça a été le repli sur l'écriture proprement dite, et très vite l'édition, et par la suite l'exploration du domaine artistique-littéraire de langue française, où j'ai immédiatement repéré deux axes, de différente qualité, mais très pratiques pour l'épanouissement du blog que je venais de créer et pour la visibilité de ma peinture et de mon écriture : le site de Léo Scheer et le blog de Marc, signé Lunettes Rouges. Je les ai trouvé ouverts, accueillants, et pour l'instant solides et en bonne santé.

sábado, febrero 14, 2009

PARA LOS VALIENTES QUE AMAN

Como ‘Camelot’, en la entrada anterior,
yo también dedico este poema a todos los valientes que siguen creyendo en el amor. Nadie lo ha expresado mejor que Quevedo:


Amor constante más allá de la muerte

Cerrar podrá mis ojos la postrera
sombra que me llevare el blanco día,
y podrá desatar esta alma mía
hora a su afán ansioso lisonjera;

mas no, de esotra parte, en la ribera,
dejará la memoria, en donde ardía:
nadar sabe mi llama la agua fría,
y perder el respeto a ley severa.

Alma a quien todo un dios prisión ha sido,
venas que humor a tanto fuego han dado,
medulas que han gloriosamente ardido:

su cuerpo dejará, no su cuidado;
serán ceniza, mas tendrá sentido;
polvo serán, mas polvo enamorado.



domingo, febrero 08, 2009

NIRVANA, IDA Y VUELTA


Llevo todo el día preguntándome qué voy a poner en el blog. La verdad es que hay periodos donde uno no tiene nada que decir o todo lo que se le ocurre parece frívolo, aburrido, insustancial.
He pasado por un nuevo blog de alguien que captó mi atención hace tiempo en el Boomerang. Por su edad podría ser mi tercer hijo (¡si vamos a creer todo lo que se dice en los blogs!) Es poeta y merece la pena leerlo. Hoy vi en su blog una foto de Kurt Cobain, del grupo Nirvana, que me trajo vívidos recuerdos…
Se acababa de suicidar y era ídolo de uno de mis hijos. Pasamos por un periodo de crisis en la familia ya que éste había vivido alimentado durante unos años por el grupo ‘Nirvana’. Intentábamos entenderlo; al menos, sabíamos que las etapas de la adolescencia las habíamos pasado todos y los tiempos marcaban nuevas pautas a seguir. En el verano de 1994, después del suicidio de Kurt Cobain, propusimos a los chicos viajar a Seattle donde el grupo musical se había formado y donde estaba enterrado Jimi Hendrix, otro icono en la vida de mis dos hijos que en aquella época ya tenían su propio grupo musical y habían sacado su primero y último CD.

Salimos de Nasville en mi --entonces nuevo-- Volvo 940. Viajamos durante cuatro días a una media de 14 horas al día hasta llegar a Seattle. Condujimos por extensas llanuras donde la presencia de unos árboles rompía de vez en cuando la monotonía del paisaje. Autopistas desiertas que invitaban a pasar el limite de velocidad y, eso sí, cuando menos lo esperabas, a la vuelta de un recodo, había un policía que te hacía pagar caro ese impulso tan humano de acelerar cuando la carretera el sólo tuya. Digamos que pagamos más en multas que en hoteles.


Seattle. Aunque el viaje había sido pensado exclusivamente para el recreo y bienestar de los chicos, nos sorprendió. Bellísima y acogedora ciudad. Creo que la fortuna nos acogió con cuatro días de cielo despejado. Allí fue donde descubrimos que en EE.UU. se podía beber un “café expresso”. En cada esquina había un kiosco de Starbucks. Por la mañana temprano, conduciendo en la ciudad, se podían ver docenas de ciudadanos con su café en mano dirigiéndose al trabajo. Un descubrimiento para nosotros, los mayores, que nos hizo pensar en la remota posibilidad de mudarnos allí…si no fuera porque está al otro lado del mundo, ¡a miles y miles de kilómetros de España! No sólo el café…era en sí una ciudad de las más sofisticadas del país que habíamos conocido (y habíamos vivido en Philadelphia y Boston).

Como decía, el viaje había sido realizado teniendo en cuenta el interés de nuestros dos adolescentes…

Visitamos el barrio donde Kurt Cobain había nacido. Encontramos una tienda donde el dueño nos habló de “that kid”, el de Nirvana. Había sido como cualquier otro chico de su edad. Le gustaban las chucherías que él vendía: los cromos de jugadores de baseball, los tebeos…lo típico de un niño de su edad. El ‘cabeza’ de Nirvana no había sido enterrado en Seattle, por temor a que expoliaran su tumba. Nos dirigimos al cementerio a visitar a Jimi Hendrix. Allí nos encontramos una tumba de lo más insignificante pero, al mismo tiempo, fuera de lo normal: estaba cubierta por flores marchitas, cigarrillos, cuerdas de guitarra…notas escritas en un inglés deficiente pero apasionado. Allí nos encontramos con un chico de unos veinte años que se había mudado de New Jersey a Seattle. Había conseguido un trabajo enfrente del cementerio para poder visitar la tumba de Jimi Hendrix dos o tres veces al día…

El viaje de vuelta fue largo, agotador. Cuando llegamos a casa, en pocos días, la crisis había cesado.